Encore faudrait-il que j’aie un lectorat, avais-je répondu en riant à Cassandra O’Donnell1. Elle et moi partagions une table au Livre sur les Quais 2023. Au fil de nos échanges, elle était étonnée d’apprendre que le tome deux des Aventures de Kanako Sawada ne sortirait pas six mois après le premier.
Dans le monde de la littérature Jeunes Adultes, capter et conserver l’attention du public est un défi. Avec des lecteurs dont les centres d’intérêt évoluent vite, publier régulièrement semble être la clé pour ne pas disparaître des radars. Si quelque chose a plu, on veut la suite: maintenant, tout de suite!
À noter que ce raisonnement est aussi valable pour d’autres genres. Une libraire m’a confié que certains diffuseurs la poussaient parfois à retirer des bouquins sortis il y a à peine trois mois! Mais?! Laissez-nous le temps de lire. Nos PAL2 sont déjà bien trop pleines.
La réalité est un petit peu plus complexe… des questions de contrat. Pour en savoir plus sur la manière dont fonctionne le couple diffuseur et libraires (en France), je vous invite à jeter un œil sur l’article Europe: les politiques de retour en librairie disséquées dans une étude parue sur le site de LivreHebdo.
Bref… on retiendra que, si l’on veut rester dans la course, on doit publier, publier et publier. La pression est grande.
Ben oui, c’est casse-pied d’attendre une suite.
Pas faux. J’en connais même qui préfèrent qu’une série soit terminée avant de la regarder. Histoire de la bingewatcher en quelques soirées.
En tant que lecteur, j’avoue ne pas accorder beaucoup d’importance aux livres à paraître ou aux dates de sorties. Les romans que j’achète proviennent surtout de recommandations faites par mon entourage (ma PAL ne vous remercie pas, camarades des Mercredis de la SF), parfois je découvre des livres des années après leur publication. Mais bon… à l’approche de la quarantaine, je joue plutôt dans la ligue des vieux cons. Peut-être ma patience n’est-elle qu’une question de génération? Après tout, à quinze ou seize ans, je me précipitais aussi en librairie à chaque nouvelle sortie des Royaumes Oubliés qui paraissaient au rythme de… deux à trois volumes par année.
Donc, ma râlerie du début sur le monde Jeunes Adultes ne fait tellement pas sens. Ma critique sur la vitesse littéraire non plus. Où comment saper sa propre argumentation!
Oui, oui, ne vous inquiétez pas, le tome deux arrive.
En tant qu’auteur ne vivant pas de sa plume, je peux difficilement augmenter la cadence. Je consacre un jour par semaine et une partie de mes weekends à l’écriture. Le reste du temps, je bosse comme développeur web indépendant, histoire de payer le loyer, de mettre du pesto sur les pâtes et de financer les illustrations de mes romans.
De toute façon, est-ce bien utile de se presser? Le processus de création demande du temps. Et pas seulement des heures de travail consécutives, mais des périodes pour que les idées infusent, et que de nouvelles expériences les enrichissent.
Loin de moi l’idée de critiquer la méthode de mes camarades qui publient chaque année de gros tirages à succès (ils évoluent dans une autre réalité que la mienne), mais j’ai du mal à imaginer écrire à un rythme aussi soutenu sans sacrifier une part du plaisir.
Créer pour vivre impose des contraintes en termes de calendrier et oblige à calibrer ses projets. Pas de place à l’expérimentation, au doute, ni au coup de mou. Ce n’est pas ce qui m’intéresse. Je préfère prendre mon temps. Donc, je vais continuer à avancer tranquillement sur le tome 3. J’espère qu’il sera prêt pour 2028.
D’ici là, rendez-vous le 10 avril 2025 pour la sortie du tome 2! On verra bien si tout mon lectorat s’est fait la malle… ou si certains ont la patience d’attendre. D’ailleurs, vous êtes plutôt team bingeread ou team un tome tous les tremblements?
Dites-moi en commentaire! (Je teste un nouveau format pour interagir avec vous, mon fidèle lectorat: les commentaires sur le site. Tellement 2005, on est d’accord. Toutefois, paraît-il que l’humeur du moment est de privilégier les interactions personnalisées plutôt que de s’étaler dans le beusier des réseaux sociaux.)
Un article ma foi très intéressant, parce qu'il met en exergue le combat entre la passion d'écrire (ce qu'elle implique pour soi) et le capitalisme littéraire (ce qu'il implique pour les autres). Je vais garder le lien de ton article et te citer dans l'un des miens, car je voulais justement aborder la pression que tu évoques. Merci pour ce partage et cette option incroyablement pratique de pouvoir laisser des commentaires. :)♥
Stéphanie Manitta, le 5 février 2025 à 16:48
C'est très important de penser au plaisir que peut apporter la création plutôt que d'essayer de faire plaisir à des fans qui de toute façon en voudront toujours plus. Bravo, je te souhaite du succès pour ce 2ème tome et je suis sûre que ceux qui le découvriront s'empresseront d'acquérir le premier.
Sylviane, le 5 février 2025 à 10:44
Pour le moment, c'est plutôt cool d’avoir des fans impatients. Tant qu’ils tolèrent un peu de lenteur.
Lionel Tardy, le 5 février 2025 à 11:34
Ahah ... la patience est la reine des vertus ! je me réjouis déjà beaucoup de ce prochain tome ! au plaisir de se revoir. Cordialement PS et j'adore comme tu râles comme un vieux :)
Caroline, le 5 février 2025 à 10:42
Je râle, mais en douceur 😆 . Merci pour ton commentaire, rendez-vous pour la sortie.
Lionel Tardy, le 5 février 2025 à 11:31
Trop hâte d'être à la sortie du tome 2,j'ai l'impression de l'attendre depuis une éternité 😂
Lana, le 5 février 2025 à 09:45
Patience, plus que 63 jours 😄
Lionel Tardy, le 5 février 2025 à 09:49